Histoire & Patrimoine
GILHOC-SUR-ORMEZE (485m d’altitude).
440 habitants en 2014, 366 en 2000, 507 en 1975, 1303 en 1901 et 1461 au maximum en 1831.
ORIGINES
Au début du Xème siècle, le chef-lieu se situait au quartier de Sainte-Marguerite près du lieu-dit « Les Croisières » sur les limites actuelles des communes de Gilhoc et du Crestet, à près de 600 m d’altitude. Au début du XIIème siècle, des moines cisterciens fondent un monastère au chef-lieu actuel.
Ces moines, venus très certainement du midi du royaume de Bourgogne-Provence, portaient le nom de Saint Gilles. Ils construisirent eux-mêmes l’église, dont il reste aujourd’hui la coupole, les chapelles latérales et le chœur, magnifiques vestiges de l’art Roman. C’est en 1217 que le nom de Gilhoc entre dans l’histoire sous sa première forme : Gihloschum. Le nom actuel de Gilhoc est connu à partir de 1464, d’après une enquête cadastrale. Le nom vient donc de St-Gilles auquel il a été ajouté le suffixe occitan : « OC » : St-Gilles plus « OC » = GILHOC .
GILHOC AUJOURD’HUI
Cette commune du Haut-Vivarais se caractérise par son cirque de « collines montueuses » qui se regroupent tout autour d’un réseau hydrographique très dense dont l’Ormèze sert d’exutoire. D’autant plus que l’on se situe au carrefour des influences océaniques et méditerranéennes, les variantes climatiques se font très sentir en raison de cet aspect du relief et du grand écart d’altitude que l’on trouve : 450 m environ vers « la Passa » et 851 m au serre de « Montoura ». Le rythme des saisons agricoles est aussi toujours plus rapide dans tout le quartier de Ste-Marguerite en position d’adret que dans le quartier de Sapeilles ( et bien d’autres ) en position d’ubac. Si le climat est surtout le relief n’ont pas favorisé une agriculture très intensive, le travail acharné des hommes et des femmes a compensé ces handicaps naturels. Notre commune reste encore en 2014 une commune rurale et agricole dynamique, avec des jeunes agriculteurs qui ont repris l’exploitation de leurs parents.
Il faut rappeler que Gilhoc a connu « l’âge d’or du pêcher » entre 1950 et 1970. Depuis l’agriculture s’est adaptée aux multiples contraintes.
Actuellement nous avons encore plusieurs élevage bovins laitiers (de 30 à 40 laitières par élevage, voir plus) ainsi que des élevages de bovins pour la viande. Existent aussi 2 élevages de chèvres de plus de 200 chèvres chacun et un élevage ovin laitier bio avec transformation en fromages et yaourts sur place.
En ce qui concerne l’arboriculture, un agriculteur transforme sa récolte en jus de fruits.
Ces dernières années les plantations de cerisiers se sont beaucoup développées.
Les châtaigniers demeurent encore bien présents malgré une attaque importante du cynips, pour qui un prédateur, le Torymus, un autre insecte a été trouvé. Espérons qu’il en sortira vainqueur le plus rapidement possible.
Il faut rappeler que les châtaignes sont la propriété du propriétaire des châtaigniers (ou ayant droits) et non pas de tout promeneur mal intentionné.
Notre village dispose encore d’une école qui va accueillir 43 enfants à la rentrée prochaine ainsi que d’une boulangerie, d’un hôtel-restaurant, d’un multiservices (épicerie-poste-bar), d’une entreprise de maçonnerie, d’un ferronnier d’art, d’un menuisier.
La vie associative est intense : association des parents d’élèves, association sportive, comité des fêtes, aînés ruraux, anciens combattants, batterie-fanfare, gymnastique.
Il est important de noter qu’après une baisse continue de la population jusqu’en 2000, celle-ci augmente à nouveau depuis cette date et devrait retrouver sans tarder le niveau de 1975 (507 hab.).
UN PEU D’HISTOIRE
A Gilhoc, certains noms de lieux évoquent les dieux et les déesses antiques. C’est le cas de « Mayres » dont l’origine : « Mairo » évoquerait les Erinyes Grecques qui, dans les enfers de la mythologie étaient chargées de punir les crimes des humains .
« Mayres » fut peut-être un lieu de culte consacré à ces personnes quelque-peu inquiétantes. Ceci témoigne donc de la présence grecque il y a environ 2200-2300 ans dans le pays. Il semblerait d’autre part que ce lieu soit situé prés d’une voie ( de faible importance ) utilisée par les marchands grecs, emportant leurs produits vers l’intérieur du Massif Central. Celle-ci devait très certainement se diriger vers le Nord, en passant prés des « Croisières » . Cette voie a ensuite été utilisée par les légions romaines ; il reste de cette époque une preuve matérielle puisque un chemin pavé est encore visible sur environ 100 mètres près de ce lieu.
De cette voie en partait une autre se dirigeant vraisemblablement vers le « Col du Mazel » , ( l’embranchement devait se situer à l’endroit même du chef-lieu actuel ). Le nom de « Valette », lieu-dit prés du village en témoigne, « Valette » signifie grande route, grande voie. D’autres voies partaient des « Croisières ». C’est à la faveur de ce carrefour que s’est établi plus tard un habitat plus important dans tout le quartier de « Sainte-Marguerite ». Il en fut de même un peu plus tard quant à l’établissement du monastère qui a donné naissance à l’emplacement du village actuel …
Au cours du Haut-Moyen-âge et à l’époque féodale s’établirent, comme dans tout le Vivarais, les grands domaines seigneuriaux . Les plus anciens vestiges de cette époque que l’on peut encore voir aujourd’hui sont les ruines du château de « Solignac », construit au cours du XIIème siècle . C’est à la fin de ce siècle (1184 exactement) que fut édifiée l’église de « Maurion » (quartier de Sainte-Marguerite) dont il ne reste aujourd’hui que quelques ruines. Très tôt Gilhoc fut dominé par la famille des Fay, originaire de Fay-le-Froid ( aujourd’hui dans la Haute-Loire ). Solignac fut le chef-lieu de la baronnie de ce nom jusqu’au XVIIème siècle. Dés le XIIème siècle, le domaine était divisé en deux parties, appartenant toutes deux à deux frères Fay : Jean et Claude. Au cours des guerres de religion ( 16ème siècle ) le château fut détruit ; Jean de Fay fit reconstruire un modeste château, toujours debout actuellement, où il habita. Vers la fin de ce siècle, les premières assemblées de protestants commencèrent à se réunirent à « Passon » dans une grange , « centre » de la paroisse de « Sainte-Marguerite » et « Boucieu-le-Roi » avec le pasteur Olivier. En 1610, le domaine de « Solignac » fut vendu à Pierre des Boscs par Gilibert Le Long de Chenilhac du Bourbonnais qui, de par son mariage avec la fille aînée d’Aymar de Fay, avait hérité de ces vastes terres. Le château des Boscs, qui à partir de cette date devint le chef-lieu de la seigneurie de « Solignac » et fut la résidence de ses seigneurs, commença dés lors à substituer à son nom ancien le nom même de « Solignac ». Ce vaste domaine appartient aujourd’hui à la famille De Framond. « Dol » faisait aussi partie du domaine de « Solignac ».
Au cours de la première moitié du XVIIéme siécle le domaine s’agrandit de très nombreuses terres : Le Crestet, Monteils, La Condamine, Monchal. Le petit- fils de Pierre des Boscs , Henri des Boscs, fut assassiné le 22 octobre 1672, à « Robert » ( commune du Crestet ), par les deux frères Antoine et Jean Reboullet d‘« Urbillac» alors qu’il revenait de Colombier-le-vieux, surveiller ses vendanges. La famille des Boscs, d’origine notariale, semble descendre de Jean des Boscs, notaire royal à Gilhoc en 1329… En 1709, Gilhoc fut le théâtre de l’un des derniers épisodes de la guerre des Camisards contre Louis XIV. Après être passés par les Boutières, sous la conduite d’Antoine Sallier, d’Abraham Mazel, Billard et Dupont, ils s’emparèrent du château des Boscs, appartenant alors au Marquis de Brison, en emportant armes et munitions. Ils se retranchèrent à « Tachay » , d’où , bien qu’étant peu nombreux ( 100 ), ils pourchassèrent un détachement de Suisses venus les surprendre. Ils repartirent ensuite vers Mézilhac puis revinrent vers « Leyrisse » (commune d’Alboussière ) où ils furent dispersés par une armée du roi …
Le XVIIIéme siècle fut marqué, comme dans toutes les campagnes françaises, par une forte expansion de l’agriculture et par conséquent de la population. C’est au milieu de ce siècle que Gilhoc eut son maximum démographique : 1461 habitants en 1831, 1455 en 1851. Cependant cette commune ne connut pas l’âge d’or de la soie ni celui de la vigne, ce qui d’ailleurs l’épargna des crises très graves qui ont touché ces deux secteurs à la fin du siècle dernier . D’autres faits marquants sont à signaler : En 1846 fut construit le temple actuel. En 1853 fut fondé par le pasteur Maris, un asile agricole protestant destiné à accueillir les enfants pauvres de la religion, dans le but de leur donner une instruction générale et mieux les préparer à la profession agricole. L’œuvre cessa momentanément d’exister au départ du pasteur Maris en 1864, pour être reprise trois ans plus tard à Vallon-Pont-d’Arc. En 1802 un nommé Antoine-Guillaume Rampon de St-Fortunat, général d’empire, épousa une jeune fille de Gilhoc : Elisabeth Riffard de St-Martin, de « Bessin ». Un leurs fils, Joachim Rampon fut non moins célèbre que son père. Dans la seconde moitié du XIXéme siècle se créèrent, nécessaires compléments de l’activité agricole de nombreuses autres activités : on trouve notamment à cette époque de nombreux tailleurs d’habits, des sabotiers ( réputés dans toutes la région ), des menuisiers, des négociants en tous genres, des aubergistes, etc… , les deux premières professions citées restant les plus répandues… Mis à part cela, il ne faudrait pas oublier de citer la carrière de baryte prés du « Clot », qui employait quelques mineurs ; et la fabrique tuiles qui a donné le nom de « La Tuillère » situé prés de l’Ormèze et du château de « Bessin ». Vint ensuite la première guerre mondiale qui porta un coup très dur à la démographie de la commune. C’est surtout à partir de ce triste épisode de l’histoire que s’effondra la quantité des professions fort diverses citées précédemment. Depuis le début du XXéme siècle, d’une façon générale, l’économie, la vie toute entière de Gilhoc n’a cessé de se dégrader presque jusqu’à nos jours. Cependant nous devons mentionner qu’une fabrique de brosses a essayé de s’implanter autour des années 1920.
Gilhoc-sur-Ormèze, commune rurale parmi beaucoup d’autres, et fière de l’être, peut et doit regarder l’avenir avec confiance et optimisme. Ceci malgré toutes les difficultés de l’époque que nous vivons actuellement.
A condition de le vouloir.